Lundi 11 mai : 2eme prise... de sang !

Je finis mal la semaine en me trompant dans les dates sur mon blog, dimanche étant le 10... peut etre l'envie d'être déjà lundi.

Ce matin, j'arrive enfin à me lever à 6h pour commencer mon taff, je dois commencer plus tôt car à 8h j'ai ma seconde prise de sang depuis le début de ce cauchemar, celle qui va parler, celle qui va écrire ma nouvelle histoire, ma nouvelle vie.

Vers 7h30, je quitte le boulot pour prendre une douche, je m'arrete en chemin à la boulangerie , j'ai faim " 24 petits pains au chocolats et croissants s'il vous plait " " un assortiments" " oui, merci "

Et me voilà chez moi, avec mes croissants, sous les yeux ahurris de ma mère: " tout ça !!! "

"C'est pour après mon analyse, ne t'inquiète pas "

Me voilà sous la douche, avec un sentiment de peur et d'impatience, je veux vite faire cette prise de sang, qu'on sache enfin où j'en suis et commencer mon parcour du combattant...

7H55, je suis en route, j'y vais à pied et là j'ai un drole de ressentiment. Un sentiment de déjà vécu surement du à tous ces films que j'ai pu voir parlant du sida, des amours malheureux, des désillutions face à la maladie.

Les images du film " Un compagnon de longue date " me reviennent à l'esprit.

Et à ce moment là, j'ai l'impression de jouer dans un film, d'avoir le rôle principal que je n'ai pas choisi...

J'arrive au laboratoire, le même qui m'avais annoncé ma séroposivité  3 jours auparavant.

La secrétaire me reconnait et je vois dans son regard de la compassion, ce que je n'avais pas envie de voir, j'aurais préféré de l'indifférence comme avec les autres patients autour de moi.

Je lui sors mon plus beau sourire, lui fait croire que je maitrise la situation.

"Allez vous assoir, on va vous appeler" ... " et je viens les chercher quand mes résultats ? "  " dans une semaine ."

Une semaine ! je commence à paniquer, vais m'assoir et tout va très vite dans ma tête...

Pourquoi une semaine, attendre tout ce temps me condamne t'il pas ? je veux mon traitement au plus vite, passer à autre chose, oublier.... mon désespoir revient au galop.

" Monsieur A..., voulez vous bien me suivre ", tiens c'est une femme cette fois ci.

J'aurais préféré le docteur de la premiere fois, pour lui parler, le supplier de faire mes analyses plus rapidement, je risque pas de mourir ????

Je m'assoie sur ce fauteuil en sky glacé, elle me sourit, me pique et commence sa prise de sang.

Je comprend à ce moment préçis que ma nouvelle vie commence là. Je sens les larmes montées,je les contiens mais elle s'en aperçoit: " je vous ai fait mal ? " " non non, c'est bon , pas de soucis "

" Voilà c'est fini " je ne peux m'empêcher de lui demander pourquoi une semaine : " ça va dans un labo spécialisé, c'est plus long "

Ah d'accord... et moi je fais quoi en attendant , je vais psychoter, me voir mourir...

Je ne lui dis rien, fais semblant de comprendre, je veux sortir au plus vite dans la rue, respirer ....

A l'extérieur, j'appelle mon toubib, lui dire pour l'attente des résultats, qu'i appelle le labo, qu'il insiste pour les avoir au plus vite....

Ca sonne sonne ...." Le Docteur B... n'est pas là aujourd'hui, veuillez rappeler demain à partir de 15h, merci "

Non pas ça, je pourrais pas attendre demain, c'est un jour de perdu... j'ai envie de chialer.

De retour à la maison, ma mère m'a préparé un super déjeuner, les croissants y passent tous.

La journée va passer doucement, je commence à moins stresser, à me faire une raison, je joue dans un film, à moi d'être le meilleur...

Dans l'apres midi, un de mes ex, m'envoie un sms " t'es marié ou quoi , j'ai plus de news de toi !!!"  il va falloir lui annoncé la nouvelle, trouver les mots, ne pas l'affoler mais l'inciter à faire un test.... putain de vie, je ne pourrais pas supporté de le voir à son tour touché par ce virus. Je n'arrive toujours pas à l'accepter pour moi , pour deux ça me parait insurmontable.

Je trouverai les mots dans la semaine, là je suis pas prêt.

Jérome, mon amour  de 15 jours, me rappelle 3 fois, on rit, on parle enfin d'autres choses, je finis par croire qu'il n'a pas d'amis... il est peut etre juste amoureux , je sais plus.

La soirée se termine devant un repas chinois avec ma mère, étonné d'avoir sommeil, je file au lit, il est 1h du mat.

Debout depuis 6h, le stress de la journée, penser qu'à ça, parler que de ça, je commence à saturer... je m'endors comme un bébé.