« Vous voyez ce que ça fait d’essayer l’extrême droite », alertent les lesbiennes lyonnaises

Publié par jl06 le 03.08.2023
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Mercredi soir, devant le consulat d’Italie de Lyon, près de 200 personnes se sont réunies pour manifester leur soutien aux mères lesbiennes italiennes, dont les droits sont attaqués par le gouvernement de Giorgia Meloni

 Elise MartinPublié le 03/08/23 à 07h07 Plusieurs centaines de personnes étaient présentes devant le consulat d'Italie à Lyon mercredi soir pour afficher leur soutien aux mères lesbiennes et alerter sur les dangers de l'extrême-droite au pouvoir (Illustration) Plusieurs centaines de personnes étaient présentes devant le consulat d'Italie à Lyon mercredi soir pour afficher leur soutien aux mères lesbiennes et alerter sur les dangers de l'extrême-droite au pouvoir (Illustration) — E. Martin / 20 Minutes 

  • La Première ministre Giorgia Meloni a envoyé une circulaire en janvier 2023 pour demander aux municipalités d’arrêter les actes de naissances de parents homosexuels.
  • En conséquence, la procureure de Padoue, dans le nord de l’Italie, a récemment réclamé que l’acte de naissance de 33 enfants soit modifié et que soit effacé le nom de la mère non biologique.
  • Face à cette mesure, EuroCentralAsian Lesbian* Community (EL*C) a appelé au rassemblement dans toutes les villes d’Europe pour manifester un soutien aux mères lesbiennes. A Lyon, près de 200 personnes ont répondu présentes exprimant « leur crainte » que ça puisse arriver en France.

A peine arrivées sur place, mercredi soir, les membres de la collective Lesbiennes contre le patriarcat ont vu les volets du consulat d’Italie se fermer devant elles. Les représentants du gouvernement italien de Lyon n’avaient pas l’intention d’écouter les revendications du rassemblement, répondant à l’appel d’EuroCentralAsian Lesbian* Community (EL*C). Pourtant, les voix de près de 200 personnes se sont fait entendre devant l’institut, bravant la pluie, scandant « Siamo tutti antifascisti ! », « Solidarité avec les femmes du monde entier » ou encore « Y’en a assez de cette société qui ne respecte pas les trans, les gouines et les pédés ».

« Nous sommes là pour manifester notre soutien aux mères lesbiennes italiennes, expliquent des bénévoles* de la collective organisatrice de la manifestation lyonnaise. C’est terrifiant ce qui est en train de se passer et ça prouve que nous sommes jamais en sécurité. Il y a toujours un danger de perdre les droits qu’on a acquis. »

De la compassion et de la crainte

Depuis une circulaire envoyée en janvier par la Première ministre Giorgia Meloni, arrivée au pouvoir fin septembre 2022, des municipalités comme Milan, Bergame et plus récemment, Padoue, demandent à effacer de l’acte de naissances d’enfants nés par PMA, le nom de la mère non biologique.

Dans la foule lyonnaise, Emma, 24 ans, est très touchée. « C’est hypergrave ce qui est en train de se passer, dit-elle. J’ai à la fois beaucoup de compassion pour ces femmes et à la fois, beaucoup de crainte pour moi-même. »

« Les gens prennent cette mesure à la légère »

En plus de penser aux Italiennes, les lesbiennes lyonnaises « pensent à elles ». « Ça me donne envie de pleurer », lance Constance, 33 ans. Avant d’ajouter : « Essayez l’extrême droite, vous voyez bien ce que ça fait. Elle prive concrètement les gens de leurs droits. C’est ce qu’il se passe avec cette circulaire mais le gouvernement s’attaque aussi aux enfants nés de GPA. On voit les résultats d’avoir un tel parti au pouvoir. » La Russie et la Hongrie sont aussi citées, mais l’Italie, c’est « à côté ». « On se dit qu’on est voisine et que ça peut aussi arriver très vite en France. Ça fait très peur », affirment Axance et Jessica, 33 ans et 30 ans.

Venue avec sa femme et son enfant d’un an et demi, Constance insiste sur la gravité de cette situation « extrêmement terrifiante ». « On l’a vu aux dernières élections, on le voit aussi avec les prises de position actuelles où les idées de l’extrême droite sont constamment banalisées. Nous ne sommes pas si loin, dans tous les sens du terme, d’arriver aux mêmes constats. Et les gens prennent tout ça à la légère… », appuie-t-elle.

Des conséquences directes au quotidien pour les mères lesbiennes

Car les conséquences sont directes dans le quotidien de ces mères. Comme le rappelle la collective Lesbiennes contre le patriarcat, cette mesure empêche la mère non biologique d’aller récupérer son enfant à l’école, de l’accompagner en cas d’hospitalisation et ne lui donne aucun droit si la femme qui a porté le bébé meurt. L’enfant deviendra orphelin. La collective et le planning familial du Rhône soulignent alors à quel point « cette loi va à l’encontre des droits fondamentaux et de l’intérêt des enfants », contrairement à ce qu’avance le gouvernement de Meloni.

 

Devant le consulat italien, les personnes interrogées aimeraient « une prise de position claire » de la France face à cette mesure. Une façon de se rassurer. « Mais on n’y croit pas trop », avouent deux manifestantes. « En juin, Emmanuel Macron a affiché sa volonté de collaborer avec ce gouvernement fasciste, notamment sur les questions d’immigration, en recevant Giorgia Meloni », rappelle la collective. « En 2028, nous pourrions subir un énorme retour en arrière », alerte-t-elle évoquant des droits « toujours insuffisants et fragiles » des lesbiennes en France.

« Avec mon épouse, on a déjà décidé de partir du pays si l’extrême droite passe. On ira au Canada ou en Suisse, mais on ne peut pas risquer de tout perdre du jour au lendemain comme c’est le cas en Italie », confie Constance.

 

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Courant derrière la Hongrie de Viktor Orbán, l'Italie dirigée par l'extrême droite de Giorgia Meloni est à son tour en voie de devenir un paradis réac en Europe, assumant de vouloir séparer des familles au nom de la défense… de la famille (chrétienne). 

Les députés italiens ont voté ce mercredi 26 juillet le projet de loi visant à renforcer l'interdiction de la gestation pour autrui (GPA). Il s'agit d'en faire un "délit universel" ("reato universale"), la rendant illégale même à l'étranger. Le texte, qui doit encore être validé par le Sénat pour entrer en vigueur, expose donc les Italiens qui recourent à une mère porteuse à l'étranger à des poursuites judiciaires à leur retour au pays. Le projet de loi a été soumis par Fratelli d'Italia (FDI), le parti d'extrême droite de la cheffe du gouvernement Giorgia Meloni, qui se définit comme une "mère chrétienne" et a gagné les élections en septembre en faisant une campagne à la fois nationaliste et pour les valeurs traditionnelles de la famille catholique.

L'Italie a déjà, depuis 2004, l'une des lois les plus restrictives d'Europe contre la GPA. Le durcissement prévoit que quiconque "réalise, organise ou fait connaître" la GPA dans le pays risque une peine de trois mois à deux ans de prison et une amende allant de 600.000 à un million d'euros. Durant le débat à l'Assemblée, une responsable de FDI, Elisabetta Gardini, a qualifié la GPA d'"utérus à louer" qui "insulte la dignité des femmes et piétine les droits des enfants". Un autre membre du parti avait estimé en mars que la GPA était un crime "plus grave que la pédophilie".

Inquiétude pour les droits LGBT en Italie

Jusqu'à présent, les Italiens qui pouvaient se le permettre voyageaient dans des pays où la GPA est autorisée, comme les États-Unis. Comme en France, relèvent les médias italiens, un grand nombre de personnes qui recourent à la GPA à l'étranger sont des couples hétérosexuels qui ne peuvent pas avoir d'enfants. Le projet de loi suscite néanmoins une inquiétude particulière chez les militants LGBTQI+ qui alertent contre le danger que représente le gouvernement d'extrême droite pour les droits civils, dans un pays qui ne dispose pas de loi contre les discriminations LGBTphobes et où les couples de même sexe n'ont accès que depuis 2016 à une union civile, mais restent interdits de mariage et d'adoption. Quant à la procréation médicalement assistée (PMA), elle est légale pour les couples hétérosexuels, mais pas pour les couples de même sexe ni les femmes seules.

Le pays n'a pas non plus de loi pour reconnaître les enfants des couples de même sexe. Ce qui laisse ces enfants dans un vide juridique avec seulement le parent biologique inscrit sur leur certificat de naissance, forçant l'autre à s'engager dans un long et coûteux processus d'adoption. En l'absence d'une politique claire, certaines villes, dont Milan, Turin et Padoue, avaient enregistré les enfants de couples de même sexe conçus à l'étranger par le biais de la GPA jusqu'à ce qu'une directive du ministère de l'Intérieur ne l'interdise en avril. Certains parents ont alors vu leurs noms effacés des registres, source de désespoir et de complications bureaucratiques.

Mardi, plusieurs centaines de personnes ont protesté devant le Panthéon, dans le centre de Rome, contre ce projet de loi, dénonçant notamment "une homophobie d'État". Stefania Ascari, membre du Mouvement Cinq Etoiles, a fustigé un "énorme bazar juridique" sur le dos "des droits très fragiles des mineurs" dont les parents pourraient être arrêtés en arrivant en Italie, et qui se pourraient alors se voir confiés à l'assistance publique. Persécuter des familles pour protéger "la famille", un concept.

>> En France, SOS homophobie et l’EuroCentralAsian Lesbian Community appellent à se mobiliser et à manifester ce vendredi 28 juillet à 18 heures devant l'ambassade d'Italie à Paris (7ᵉ arrondissement). D'autres rassemblements sont prévus à Marseille, Bruxelles ou Lisbonne.

 

 

Pride LGBT de Milan, Italie