Des mesures contre la Hongrie

1 Juillet 2021
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Après le temps des gros yeux, les menaces voilées… voici celui des initiatives. L'Union européenne (UE) va prendre des mesures contre la Hongrie après l'adoption par Budapest d'un projet de loi à l'encontre des LGBTQI+, a déclaré mercredi 23 juin la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Le Parlement hongrois a approuvé la semaine dernière un texte qui interdit « la représentation et la promotion d'identités de genre différentes du sexe à la naissance, du changement de sexe et de l'homosexualité » auprès des personnes de moins de 18 ans.  Ce texte, vivement critiqué par les associations de défense des droits humains et les partis d'opposition en Hongrie, constitue pour Ursula von der Leyen une violation des valeurs fondamentales de l'UE. « Le projet de loi hongrois est une honte », a-t-elle déclaré à la presse à Bruxelles. Elle a ajouté que l'Union européenne ne ferait aucun compromis sur des principes comme la dignité humaine, l'égalité et le respect des droits humains. « J'ai demandé à mes commissaires chargés du dossier d'écrire aux autorités hongroises pour exprimer nos inquiétudes sur le plan juridique avant l'entrée en vigueur du projet de loi », a-t-elle dit. « Je crois fermement en une Union européenne où vous êtes libre d'aimer qui vous voulez. Et je crois en une Union européenne qui embrasse la diversité, c'est le fondement de nos valeurs », a-t-elle souligné. « Je vais donc utiliser tous les pouvoirs de la Commission pour assurer que les droits de tous les citoyens de l'UE sont respectés, qui que vous soyez et où que vous habitiez », a-t-elle promis. Le président hongrois János Áder, ancien député et membre du Fidesz, le parti au pouvoir, doit signer ce projet de loi prochainement afin qu'il entre en vigueur.  Mardi 22 juin, treize États membres du bloc, dont l'Allemagne et la France, avaient dénoncé ce texte, le qualifiant de « grotesque ». En amont de l'élection de l'an prochain, le Premier ministre Viktor Orban se montre de plus en plus radical sur les grands sujets de société, disant mener un combat pour protéger les valeurs chrétiennes traditionnelles des prétendus « excès » du libéralisme occidental. Du côté allemand, le maire de Munich (dont le stade accueillait la rencontre Allemagne-Hongrie de l’Euro de football) avait prévu de faire éclairer l’enceinte sportive aux couleurs du rainbow flag, afin de dénoncer, symboliquement, la décision hongroise. Mais l’UEFA avait refusé. Dans un communiqué (23 juin), la présidence française a dit « regretter profondément » le refus de l’UEFA de laisser le stade de Munich afficher les couleurs arc-en-ciel de la communauté LGBT à l’occasion de cette rencontre sportive. « Nous regrettons profondément la décision de l’UEFA d’interdire que le stade de Munich soit illuminé aux couleurs LGBTQI+ », et nous avons « une forme d’incompréhension, car c’est une instance religieusement neutre et apolitique, mais qui a des valeurs », a précisé un conseiller de la présidence de la République. La loi hongroise est « un sujet très vif de préoccupation » pour l’Elysée, pour qui c’est « une bonne nouvelle du point de vue des valeurs » que la Commission européenne ait engagé une procédure d’infraction. Cela montre que « l’Europe est en capacité de réagir en cas d’atteinte profonde » de ses valeurs, a ajouté le conseiller, estimant que « les amalgames fait (en Hongrie) entre homosexualité et pédophilie sont ignominieux ».  « Il est très probable que le sujet sera abordé au Conseil européen », car « il y a un besoin de discussions et d’explications entre chefs d’État », selon l’Elysée. Quant à l’UEFA, « elle a souvent fait la promotion, et heureusement, du respect et des droits des minorités, et elle ne veut pas en faire un acte politique, mais en renonçant à ses valeurs, c’est un acte politique qui est pris », a conclu le conseiller. « L’UEFA s’est un peu pris les pieds dans le tapis parce qu’en fait, sa décision de refus est aussi une décision politique », a, de son côté, déploré Clément Beaune, secrétaire d’État français aux Affaires européennes.