Femmes et cancers du poumon

14 Juin 2023
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L’étude Cascade (pour dépistage du cancer du poumon par scanner faible dose), promue par l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris (AP-HP), est une étude « en vraie vie » conduite par des équipes de recherche d’Université Paris Cité et de l’AP-HP, ayant pour objectif principal la validation des modalités de lecture des scanners : un-e seul-e radiologue, formé-e au dépistage, confronté-e à une double lecture par experts-es, comme dans les études qui ont démontré un bénéfice du dépistage. Cette étude d’implémentation évaluera également le rôle de l’intelligence artificielle pour la détection des anomalies. L’adhésion au dépistage, son impact sur le sevrage tabagique, le retentissement psychologique et les coûts induits seront évalués dans une population féminine à risque de cancer du poumon. L’objectif est d’inviter des femmes, entre 50 et 74 ans, à bénéficier d’un scanner thoracique si elles sont fumeuses ou ex-fumeuses. Ce scanner permettra le dépistage de plusieurs pathologies liées ou favorisées par le tabac : cancer pulmonaire mais aussi maladie coronaire, emphysème ou encore ostéoporose, explique le site de présentation de ladite étude. Elle se déroule dans quatre villes françaises : Paris, Rennes, Grenoble et Béthune où plusieurs modes d’invitation au dépistage seront testés, dont une invitation jointe à celle du dépistage par mammographie du cancer du sein. L’étude est menée en collaboration avec les Centres régionaux de coordination des dépistages des cancers (CRCDC) des villes concernées. L’objectif est de recruter 2 400 femmes sur une durée de deux ans. Récemment (31 mai), Le Point a publié un article qui présente des premiers résultats, un an après le lancement de l’étude. Les résultats préliminaires indiquent que, à consommation de tabac égale, le risque de développer un cancer du poumon est bien supérieur chez les fumeuses que chez les fumeurs ; autrement dit le risque est plus élevé chez les femmes. Quelque 3 000 femmes fumeuses ou ex-fumeuses volontaires,âgées de 50 à 74 ans, ont déjà contacté les auteurs-rices de cette étude pilote financée par l'Inca et le ministère de la Santé et de la Prévention et 1 300 participantes y ont été intégrées, dont 85 % de femmes fumeuses actives. L’hebdomadaire a interviewé la Pre Marie-Pierre Revel, cheffe de service de radiologie à l'hôpital Cochin, investigatrice principale de l'étude Cascade. « L'étude fait ressortir que le taux de dépistages positifs est deux à trois fois plus élevé chez les femmes que chez les hommes. Un scanner sur trente se révèle positif dans cette étude. Cela confirme dans la « vraie vie » que, pour une exposition au tabac équivalente, le risque pour une femme de développer un cancer du poumon est bien supérieur (…). C'est plus du double de ce à quoi nous nous attendions. L'étude Nelson publiée en 2020, où les hommes étaient très majoritaires (83 %), montrait un taux de dépistage positif de 0,9 %. Chez les femmes, nous constatons dans notre étude que le taux de dépistage positif se situe entre 2 et 3 % un an après le début de l'étude. Soit plus du double du chiffre masculin. Le cancer du poumon est devenu probablement la première cause de mortalité par cancer chez les femmes », explique la chercheuse. Cette dernière considère, par ailleurs, que les femmes sont insuffisamment alertées de ce risque. « Il faut alerter bien plus les fumeuses sur les risques qu'elles courent. D'autant que les chiffres sont mauvais, explique-t-elle au Point. Si le tabagisme diminue globalement en France, il continue d'augmenter dans la population féminine. Près d'un quart des Françaises fument quotidiennement en 2021, soit une augmentation de 2 % par rapport à 2019 (…).La part des femmes parmi les personnes touchées par un cancer du poumon en France est passée de 16 % en 2000 à 34,6 % en 2020 (…). En France, dans les années 1970, le cancer du poumon chez la femme était une exception. Aujourd'hui, c'est devenu probablement la première cause de mortalité par cancer chez les femmes, comme c'est déjà le cas en Europe. Le dépistage permet d’obtenir une réduction du risque de décès par cancer du poumon et c’est encore plus vrai si vous êtes une femme ».