Insécurité alimentaire et VIH

21 Octobre 2022
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Les données concernant 112 000 personnes adultes originaires de six pays africains (Zambie, Lesotho, Namibie, Tanzanie, Ouganda et Eswatini) montrent que le fait de vivre en insécurité alimentaire double le risque pour les femmes d’être infectées par le VIH. Paradoxe : ce risque n’est pas retrouvé chez les hommes. Cette différence s’explique par le fait que dans une grande situation de pauvreté les femmes qui sont souvent exposées aux pénuries alimentaires, faute d’autres ressources financières, ont un recours plus élevé au travail du sexe transactionnel. Autrement dit, l’échange de services sexuels contre de la nourriture. Par ailleurs, ces rapports sont souvent le fait de jeunes femmes, voire adolescentes ; sont forcés et réalisés avec des partenaires souvent nettement plus âgés. De plus, souvent ces rapports ont lieu sans protection par préservatifs y compris avec des partenaires dont le statut sérologique pour le VIH n’est pas connu. Ce constat est celui d’une équipe de chercheurs-ses conduit par la Dre Andrea Low (Université de Columbia), épidémiologiste. Au total, l’enquête a porté sur 54 033 familles comprenant 112 955 adultes-âgés-es de 15 à 59 ans récemment testés-es pour le VIH et à propos desquels-les on savait s’ils-elles étaient en insécurité alimentaire. La proportion des ménages dirigés par des femmes était de 27 % en Tanzanie, de 29 % en Zambie, de 31 % en Ouganda, 51 % au Lesotho, 51 % en Namibie et 53 % en Eswatini. Parmi les femmes ayant connu pu connaissant l’insécurité alimentaire, on retrouvait les caractéristiques suivantes : avoir eu du sexe transactionnel ; avoir démarré son activité sexuelle avant 15 ans, avoir été confrontée au sexe forcé, avoir eu des relations sexuelles non protégées par préservatifs avec un partenaire VIH+ ou de statut inconnu ; avoir eu des relations sexuelles avec des partenaires âgés de plus de 10 ans que soi. Sur les 114 208 personnes vivant avec le VIH de l’étude, 200 (2 %) avaient récemment été infectés, dont 140 femmes et 60 hommes. Les chercheurs-es concluent qu’un soutien spécifique (notamment avec une assistance alimentaire) doit être proposé aux femmes en situation de précarité, tout particulièrement lorsqu’elles sont cheffes de familles.