Jacques Toubon pressenti comme Défenseur des droits

C’est un ancien de la Chiraquie qui revient sur le devant de scène. Jacques Toubon, ancien ministre de la Justice et élu RPR puis UMP, proche de l’ancien Président de la République, a été proposé à François Hollande comme futur Défenseur des Droits (anciennement HALDE). Ce dernier doit trouver un remplaçant pour Dominique Baudis, décédé en avril dernier. Cette décision devra désormais être validée par les présidents PS de l'Assemblée et du Sénat, Claude Bartolone et Jean-Pierre Bel, mais il y a peu de suspens. Ancien bras droit de Jacques Chirac, Jacques Toubon a été associé, il y a quelques années, aux affaires judiciaires de la Mairie de Paris. Il est, par ailleurs, connu pour être à l'origine d'une loi destinée à protéger la langue française. La "loi Toubon", adoptée en 1994, vise à imposer la rédaction en français, pour lutter contre la généralisation des anglicismes. Il était retourné dans l’ombre après la fin du second mandat de Jacques Chirac. En retrait, il occupait la présidence du conseil d'orientation de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration depuis 2007. Cette proposition dévoilée le 11 juin par l’Elysée n’a pas manqué de faire réagir une partie de la gauche. D’autres ont pointé sur les réseaux sociaux le paradoxe entre la symbolique de ce poste "droit de l’Hommiste" avec le passé controversé et nettement conservateur (sur les droits LGBT par exemple) de cet énarque de 72 ans. Il avait suivi la position de son parti en votant contre l’abolition de la peine de mort en 1982. La même année, il avait également voté contre la dépénalisation de l’homosexualité. Un CV peu glorieux qui ressurgit avec cette annonce et qui détonne avec les missions de promotion de l’égalité des droits et de lutte contre les discriminations du Défenseur des droits. Etonnant aussi, dans un contexte de protestation de nommer une personnalité de droite dont on ignore si elle s’engage dans une posture d’ouverture ou de contentement, jusque là sans succès, des franges conservatrices de la société.