L’activisme VIH sur… TikTok !

16 Avril 2023
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Quatre activistes pour le prix d’un en Une du numéro d’avril-mai de Poz Magazine. Ils-elles se servent du réseau social TikTok pour faire de la prévention VIH et plus globalement la promotion de la santé sexuelle. Le pouvoir et l'influence croissants de TikTok sont indéniables. Avec un milliard d'utilisateurs-rices actifs-ves dans le monde, l'application de vidéos en formats courts n'a cessé de gagner de l’influence depuis son lancement en 2016, avec une poussée notable ces dernières années dans le contexte de la pandémie de Covid-19. Les utilisateurs-rices de TikTok peuvent passer des heures à regarder de courtes vidéos de défis de danse, de synchronisation des lèvres, de tutoriels de maquillage, de conseils d'entraînement, de recettes et plus encore. Mais TikTok n'est pas sans polémique. L'application a été lancée par la société chinoise ByteDance et, en vertu de la loi, le gouvernement chinois peut obliger toute société à partager les données qu'elle recueille sur les utilisateurs-rices. Cela a d’ailleurs conduit plusieurs pays à l’interdire sur les téléphones de membres du gouvernement, de fonctionnaires, etc. Malgré cette menace, TikTok continue de fasciner ses utilisateurs-rices, en particulier les jeunes. Certains-es d'entre eux utilisent également la plateforme pour sensibiliser au VIH et à la santé sexuelle. C’est le cas d’Oliver Wong, 30 ans. Ce Taïwanais d'origine est arrivé aux États-Unis il y a sept ans pour suivre une formation cinématographique et a été diagnostiqué séropositif, il y a deux ans. Deux mois après le diagnostic, il a commencé à raconter son parcours sur TikTok. Dans une vidéo qui a été visionnée plus de 556 000 fois, Oliver raconte comment il a découvert qu'il vivait avec le VIH. Le jeune homme utilisait TikTok avant de découvrir sa séropositivité. « En tant qu'humoriste, explique-t-il, l'un de mes devoirs est d'être aussi honnête et sincère que possible sur scène pour que les gens puissent s'identifier à moi. Une fois que j'ai contracté le VIH, je me suis dit : « Je ne veux pas me cacher. Je ne veux pas être drôle sur scène [sans révéler] qu'il y a un secret en moi, qui est le VIH ». Comme il dévoile déjà beaucoup de choses sur sa vie — ses parents, son origine asiatique, son homosexualité — dans ses spectacles et sur les réseaux sociaux, il était tout naturel qu'il ajoute le VIH au mélange. « J'ai commencé à écrire des blagues sur le VIH, puis j'ai commencé à en parler sur scène », dit-il, « et après un mois ou deux, j'ai commencé à traduire ces blagues sur TikTok ». Faire de l’humour sur le VIH est une manière douce d'attirer l'attention des gens, explique Oliver : « L'humour permet aux gens d'aborder plus facilement un sujet aussi lourd que le VIH. En faisant du VIH un sujet aussi léger, je pense que la plupart des gens seront plus à l'écoute. Beaucoup de personnes associent le VIH à la mort, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui — grâce aux progrès de la médecine moderne — et je pense qu'utiliser l'humour pour en parler peut renverser les idées reçues ». De son côté, Johneri’O Scott, 32 ans, est un jeune homme noir et gay qui vit à Atlanta. Il a été diagnostiqué séropositif en 2014. « J'ai dû m'informer parce que la stigmatisation [et la désinformation] autour du VIH étaient si fortes », explique-t-il. Dans ses vidéos, Johneri’O Scott fait la promotion de la Prep, de « U = U » et du dépistage. Dans une vidéo qui a été visionnée 2,9 millions de fois, il explique avec humour comment savoir si votre homme a une IST. « Chéri, si son pénis mouille bien avant que vous ne commenciez à coucher, devine quoi ?  C'est peut-être une IST ! ». L'un des risques d'être aussi visible sur TikTok est que certains commentaires peuvent être durs, mais Johneri’O prend cela avec sagesse. « Je sais que je suis à l'aise avec moi-même ». « Quand ils disent « Il ment : il n'a pas le VIH » ou « Il fait semblant », je continue à marcher, parce que vous ne me connaissez pas vraiment, et que je ne vous connais pas vraiment ». Le jeune homme continue simplement à faire son travail : produire des vidéos TikTok informatives et encourager le dépistage régulier du VIH et des IST. « Je suis tombé amoureux de l'éducation au VIH et aux IST et je me suis rendu compte du nombre de vies que j'ai touchées depuis que j'ai révélé mon histoire ». Pour lire les quatre portraits.