Unitaid versus VHC

7 Mai 2023
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Le 18 avril, Unitaid a annoncé qu’elle allait investir 31 millions de dollars dans le soutien à la « réduction des risques pour combattre le VHC parmi les personnes usagères de drogues injectables et autres personnes à haut risque ». Pour rappel, l’hépatite C est une maladie infectieuse dont le virus se transmet par le sang et qui peut entraîner de sérieux dommages au foie, y compris des cancers, si elle n’est pas traitée. Les progrès médicaux récents ont permis de développer des traitements très efficaces et abordables dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire ; pays qui concentrent 80 % des personnes atteintes d’hépatite C. Pour autant, la majorité de ces personnes n’ont pas accès aux soins, note Unitaid. Les personnes appartenant à certaines minorités et groupes sont « affectées manière disproportionnée par l’hépatite C ». Par exemple, quatre personnes usagères de drogues injectables sur dix et une personne en détention sur quatre sont atteintes d’une hépatite C chronique active. Ainsi, bien que les personnes qui s’injectent des drogues ne représentent que 10 % des 58 millions de personnes infectées par le virus de l’hépatite C dans le monde, 43 % des nouvelles infections sont dues à la consommation de drogue par injection. C’est ce qui explique cet engagement d’Unitaid. Cet « investissement (…) soutiendra les efforts déployés pour venir en aide à ces populations en intégrant des services de dépistage et de traitement de l’hépatite C dans les programmes de réduction des risques et en mettant à l’essai [un dispositif et un médicament aujourd’hui sous-utilisés] visant à réduire les risques associés aux drogues injectables », explique Unitaid dans son communiqué (18 avril). Dans ce cadre, trois projets complémentaires seront mis en œuvre, respectivement par Frontline Aids, Médecins du Monde et PATH, et cela dans dix pays «afin d’évaluer la demande et de générer les données probantes nécessaires pour déployer le traitement et la prévention de l’hépatite C à plus grande échelle ». L’investissement de 31 millions de dollars d’Unitaid va représenter une augmentation de 20 % du financement total des initiatives de réduction des risques dans les pays à revenu faible ou intermédiaire ». Dans son communiqué, Unitaid explique que son financement « favorisera l’intégration du dépistage et du traitement de l’hépatite C dans les programmes de réduction des risques et permettra de mettre à l’essai un dispositif et un médicament destinés à prévenir les infections ». Le dispositif médical, ce sont les seringues à espace mort réduit. Dans les seringues à espace mort réduit, le réservoir pouvant contenir du sang après utilisation est plus petit que dans les seringues normales, ce qui limite le risque de contraction d’infections transmissibles par le sang en cas de partage d’aiguilles. Le médicament, ce sont de nouvelles formulations de buprénorphine d’action prolongée (médicament utilisé dans le cadre des traitements par agonistes opioïdes). Ce médicament permet de réduire les effets de la dépendance aux opioïdes et du sevrage. Il pourrait constituer une « option viable pour les personnes qui auraient des difficultés à accéder quotidiennement à des formulations orales de ce produit, par exemple en raison de frais élevés et non remboursables, de faits de harcèlement par les forces de l’ordre ou d’actes de discrimination ». Et Unitaid de rappeler qu’à l’exception d’une utilisation limitée en Ukraine, la buprénorphine d’action prolongée n’est disponible dans aucun pays à revenu faible ou intermédiaire. « L’hépatite C est de plus en plus reléguée aux populations négligées [par les États, les autorités de santé, etc. ndlr] qui, trop souvent, ne sont pas suffisamment ciblées par les interventions de santé au niveau mondial, » a commenté Karin Timmermans, responsable technique au sein d’Unitaid. « Nous saluons l’engagement pris par Unitaid concernant la prévention de l’hépatite C par des approches fondées sur la prévention des risques et, notamment, l’importance accordée par l’organisation à la participation concrète des communautés depuis ses débuts, » a, pour sa part, déclaré Judy Chang, directrice exécutive de l’organisation International Network of People who Use Drugs (INPUD). « Le financement des activités de recherche et de plaidoyer menées par les communautés en ce qui concerne les meilleures approches de prévention et de traitement de l’hépatite C constitue une avancée majeure dans la promotion d’un contexte sanitaire plus équitable. Nous nous réjouissons à l’idée de travailler avec Unitaid et d’autres partenaires pour faire en sorte que nos voix soient entendues et prises en considération. » « En accordant la priorité à la réduction des risques, nous pourrons faire en sorte que les personnes les plus à risque puissent accéder aux outils dont elles ont besoin pour se protéger contre l’hépatite C et les autres infections transmissibles par le sang » a souligné la Dre Meg Doherty, directrice du département VIH, hépatites, infections sexuellement transmissibles de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS). « Cet investissement bénéficiera non seulement aux communautés de personnes usagères de drogues injectables directement ciblées par les différents projets, mais aussi à la santé publique en général. Nous tenons à féliciter Unitaid pour son esprit d’initiative et son engagement en faveur de l’équité en matière de santé. »