Croi 2022 : le récap

Publié par Sophie-seronet le 18.02.2022
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Crise sanitaire oblige, la Croi (Conférence sur les rétrovirus et les maladies opportunistes) a eu lieu, en édition virtuelle du 12 au 16 février 2022. La Croi, c’est LE sommet américain de l’avancée des travaux scientifiques et médicaux sur l’épidémie de VIH/sida, mais aussi d’autres maladies graves pour la santé publique : Covid-19, hépatites virales, cancers, maladies infectieuses, etc.

Nous voulons profiter de la vie

En plénière d’ouverture, la Croi a choisi de donner la parole à une personne concernée pour faire un vibrant plaidoyer sur le bien vieillir avec le VIH. Marc Thompson est un activiste anglais noir, gay et séropositif originaire de la classe ouvrière. Il est le co-fondateur de Prepster, un collectif d’activistes qui militent pour l’accès et le déploiement de la Prep au Royaume-Uni. Marc a été diagnostiqué séropositif en 1986 à l’âge de 17 ans. « Je n’aurais jamais pensé être ici » explique le militant. « En 1986, le VIH était un diagnostic de décès plus ou moins proche. Il fallait prévoir ses obsèques et attendre la mort. Impossible de se projeter dans l’avenir. Les vétérans du VIH ont perdu beaucoup d’amis et ont assisté à plus d’obsèques que n’importe quelle personne de cette génération n’aurait dû ». Et puis l’espoir renait avec l’arrivée des traitements efficaces en 1996 : « Un mois est passé, puis une année, puis une décennie, puis plusieurs décennies » explique le militant. Les traitements marchent mais les effets indésirables sont lourds et il faut de nouveau se projeter dans l’avenir.
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Enfants exposés-es mais non infectés-es

En plénière, une présentation donnée par Andrew J. Prendergast, professeur à l’Université Queen Mary de Londres était consacrée au thème des enfants de mères séropositives exposés-es mais non infectés-es. Le risque de transmission VIH mère-enfant est présent pendant la grossesse, l’accouchement et l’allaitement. Des travaux ont montré un excès de mortalité chez les nouveaux-nés non infectés mais exposés pendant la grossesse avec 11 % de mortalité cumulée à l’âge de 2 ans. Les maladies sont respiratoires ou digestives, plus sévères chez les nouveaux-nés exposés non infectés que chez les nouveaux-nés non exposés. Il y a 15 millions de nouveaux-nés exposés non-infectés. La première chose est de vérifier que ces enfants sont effectivement non-infectés-es, il faut contrôler les facteurs de confusion socio-économiques et l’allaitement maternel. Cette mortalité augmente malgré la hausse de la couverture des ARV. Les maladies pulmonaires sont courantes en Afrique : dans les pays développés, on trouve davantage de bronchiolites. Le statut immunologique de la mère est associé à la morbidité/mortalité des nouveaux nés non infectés exposés ainsi que le démarrage précoce d’un traitement ARV chez la mère.
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Une procédure complexe et risquée

Ces dernières années, deux hommes, baptisés respectivement « patient de Berlin » et « patient de Londres », ont été « guéris » du virus après avoir subi une greffe de moelle osseuse à haut risque, pour traiter un cancer (Timothy Ray Brown, le patient de Berlin est décédé le 29 septembre 2020 des suites d’un cancer). Dans ce troisième cas présenté mardi à la Croi, il s’agit pour la première fois d’une femme vivant avec le VIH (diagnostiquée en 2013) et atteinte d’une leucémie depuis 2017. Celle que l’on surnomme déjà « la patiente de New York » a subi une greffe de cellules souches du sang du cordon ombilical, qui sont plus largement disponibles que les cellules souches adultes utilisées dans les greffes de moelle osseuse. Les cellules souches des cordons ombilicaux n’ont pas non plus besoin d’être aussi étroitement appariées au receveur que les cellules de la moelle osseuse. Dans le cadre de son traitement contre la leucémie, la femme avait également reçu un traitement à partir du sang de cordon ombilical pour son cancer d’un donneur partiellement compatible et du sang d’un proche parent. Un an après cette greffe (qui a eu lieu il y a quatre ans), la patiente de New York était en rémission virale du VIH et plus aucune trace du virus n’a été détectée chez elle depuis. Elle n'est plus sous traitement ARV depuis 14 mois, sa charge virale est indétectable, ses CD4 sont stables et ses anticorps sont devenus négatifs au VIH. Sa leucémie est également en rémission.
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Plaidoyer pour une recherche clinique plus inclusive

En ouverture de la dernière plénière de cette Croi 2022, une présentation brillante et passionnante de Chloe Orkin sur le futur des traitements VIH. Chloe Orkin est une médecin britannique et professeure spécialisée dans le VIH à l'Université Queen Mary de Londres. C’est aussi une féministe ouvertement lesbienne qui n’hésite pas à remercier et partager une photo avec sa femme pendant sa présentation, un fait suffisamment rare dans ce genre de conférence pour le souligner. La professeure commence par rendre hommage aux activistes qui luttent depuis 40 ans pour un accès global aux traitements VIH mais elle rappelle qu’aujourd’hui sur près de 38 millions de personnes vivant avec le VIH, seuls-es 74 % des adultes et 54 % des enfants sont sous ARV…
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