SFLS 2022 : un cru parisien

Publié par Sophie-seronet le 24.11.2022
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Pour sa 23e édition, le congrès annuel de la Société française de lutte contre le sida (SFLS) a choisi pour thème : « VIH et santé sexuelle au-delà des frontières » (professionnelles, géographiques, culturelles, etc.) Un thème autour duquel s'est orchestré durant deux jours : plénières, ateliers thématiques, symposiums et présentation de posters.

Des ateliers… au-delà des frontières !

Un atelier thématique de trois heures consacré aux Fast track cities (Les villes s’engagent contre le VIH). Collaboration internationale entre l’Onusida et l’International association of providers of aids care (Iapac), le programme voit les choses en grand. Il entend mettre en avant le « rôle important » des villes pour atteindre les objectifs nationaux et mondiaux en matière de VIH et pour mettre fin au sida d’ici 2030. Lancé en 2014, le programme compte aujourd’hui plus de 500 villes dans le monde, dont 120 en Europe. En France, Paris fut la première ville à rejoindre ce projet avec l’association Vers Paris sans sida, lancée en février 2016 et la plus récente est Marseille, en avril 2022, avec le programme Vers Marseille sans sida et sans hépatites.
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Science et activisme

Les deux co-présidents-es de ce congrès, Bernadette Rwegera (fondatrice et directrice d’Ikambere) et le Pr Olivier Bouchaud (infectiologue à l’hôpital Avicenne à Bobigny, Seine-Saint-Denis) sont revenus sur le choix d’organiser cette édition du congrès SFLS en Seine-Saint-Denis (93) : « Département le plus pauvre de l’hexagone, il est également le département le plus touché par l’épidémie de VIH après Paris, mais la Seine-Saint-Denis se caractérise également par la richesse de ses diversités et de ses identités multiples. C’est à la fois un territoire prioritaire et délaissé, mais qui, grâce à son multi culturalisme, sa jeunesse, son dynamisme, constitue un formidable incubateur de politiques de santé innovantes. En tant que femme immigrée, j’en suis moi-même l’exemple car c’est dans ce département que j’ai pu entreprendre et démarrer la magnifique aventure qu’est Ikambere », a expliqué Bernadette Rwegera. Concrètement, dans le 93 ou 9-3, 9 000 personnes vivant avec le VIH sont suivies et 400 découvertes ont lieu chaque année dont 30 % de diagnostics tardifs. Dans ce département, 71 % des nouveaux diagnostics de VIH ont lieu chez des personnes nées à l’étranger, en majorité des personnes hétérosexuelles. Enfin l’épidémie non diagnostiquée de VIH Seine-Saint-Denis est estimée à 10 300 personnes, soit 42 % des personnes qui ignorent leur séropositivité sur toute la région Île-de-France. C’est beaucoup. Beaucoup trop !
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Briser les frontières !

La Dre Fabienne Caby (infectiologue au Centre hospitalier Victor-Dupouy, Argenteuil) a présenté l’étude Coincide (CartOgraphies INfra-départementales des nouveaux diagnostiCs d’infection à VIH en Île-de-France). L’Île-de-France (IDF) est une région clé de l’épidémie de VIH en France où se concentrent 42 % des personnes vivant avec le VIH (PVVIH) non diagnostiquées. Le but de cette étude observationnelle était de réaliser des cartographies des PVVIH nouvellement diagnostiquées dans cette région. Les données de cette étude sont issues de 52 centres des cinq Corevih IDF. Sont inclues les PVVIH majeures, diagnostiquées entre 2014 et 2021, résidant en IDF lors du diagnostic. Au total, 10 827 personnes ont été diagnostiquées séropositives au VIH en IDF entre 2014 et 2021. La moyenne d’âge des personnes était de 36 ans. Il y avait 68 % d’hommes (7 331), 31 % de femmes (3 327) et 1 % de personnes trans (168). L’orientation sexuelle était hétérosexuelle pour 54 % des personnes (5 544), HSH (hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes) pour 43 % (4 434) et inconnue pour 543 personnes. Au total, 68 % des personnes diagnostiquées séropositives en Île-de-France entre 2014 et 2021 étaient nées à l’étranger. En détail, cela concerne 28 % de femmes, 19 % d’hommes hétérosexuels, 14 % de HSH et 1 % de personnes trans. Le taux moyen de CD4 au moment du diagnostic était de 352 CD4/mm3, mais 48 % des personnes étaient diagnostiquées à un stade tardif (inférieur à 350 CD4/mm3) et 27 % à un stade avancé de l’infection (moins de 200 CD4/mm3 ou stade sida) ce qui sous-entend une infection qui remonte à plusieurs années. La proportion de diagnostics tardifs est de 45 % à l’échelle nationale. Ce taux monte à 51 % dans le 93 avec un pic dans les communes de Montreuil et Romainville (62 %) et Livry-Gargan (70 %). Les personnes diagnostiquées en stade sida en IDF sont majoritairement nées en Afrique subsaharienne (76 % à Montreuil, 74 % à Villepinte, 65 % à Bagnolet). Enfin, 20 % des personnes avaient un logement précaire (SDF ou hébergées chez un tiers). L’étude montre qu’en IDF, l’épidémie de VIH se concentre sur quatre départements : Paris (75) avec 33 % des nouveaux cas, la Seine-Saint-Denis (93) avec 17 %, le Val-de-Marne (94) avec 11 % et les Hauts-de-Seine (92) avec 11 %. Les populations clés varient beaucoup selon les départements. La proportion de femmes va de 22 % à Paris à 41 % dans le 91 (Essonne) tandis que la proportion de HSH va de 22 % dans le 91 (Essonne) à 52 % à Paris. La proportion de personnes nées à l’étranger va de 57 % à Paris et dans le 92 à 69 % dans le 91, le 93 et le 95 (Val-d’Oise). Ces données permettent d’identifier les territoires clés avec des proportions de nouveaux diagnostics notamment tardifs. Des informations qui pourraient permettre d’aider à ajuster les stratégies de dépistage et de prévention en Île-de-France.
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