Le buzz du moment : guérir du VIH avec une crème pour les pieds

Publié par jfl-seronet le 04.10.2013
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Thérapeutiquecure

Des médicaments connus pour une indication, qui apparaissent comme la martingale dans une autre maladie : la médecine en connaît régulièrement… C’est un peu moins fréquent dans le VIH et, du coup, cela suscite pas mal d’agitation. 

Le 25 septembre des sites (dont celui du Huffington post en France) publient une info : "VIH : un potentiel traitement aurait été trouvé dans une crème pour les pieds" ; la nouvelle est suffisamment décalée, intrigante : une crème utilisée par les dermatologues pour traiter les mycoses des pieds aurait une efficacité contre le VIH, pour que fusent les commentaires et les espoirs. L’information lâchée fin septembre rapporte qu’une équipe américaine du New Jersey a publié dans la revue scientifique "PLOS One" les résultats d’une étude qui explique que deux médicaments : un contre les champignons (mycoses, infections fongiques), le Ciclopirox et l’autre pour traiter la surcharge en fer dans l’organisme, le Deferiprone, auraient une efficacité partielle contre le VIH. Ces deux médicaments ont été approuvés par les autorités de santé (Etats-Unis, Europe) mais pas dans l’indication du traitement anti-VIH. En l’état actuel des études, personne ne peut dire que ces traitements sont utiles dans cette indication.

D’ailleurs, la communication faite à la suite de cette annonce a, désormais, ses contradicteurs. Le site du Nouvel Observateur publie (30 septembre) un article de "Sciences & Avenir" qui estime que l’étude américaine est "bancale". La revue française explique que l’étude américaine se fonde sur des travaux antérieurs qui montrent que les molécules contenues dans ces deux traitements "pouvaient contrer certains mécanismes génétiques du VIH". L’équipe a donc choisi de tester in vitro (pas sur l’homme donc) ces molécules. Les résultats publiés dans "PLOS one" indiquent qu’elles auraient une double action : elles "[empêcheraient] la multiplication des virions dans les cellules infectées", elles seraient capables "de remettre en branle les mécanismes d’autodestruction des cellules infectées par le VIH [l’apoptose]. Pour faire court, l’équipe américaine avance que pour éradiquer complètement le VIH, il suffirait de restaurer cette fonction d'apoptose cellulaire et que ces deux médicaments le permettraient. Mais certains spécialistes du VIH ne partagent pas ce point de vue. Un spécialiste interrogé par "Sciences & Avenir" considère qu’une telle stratégie pourrait aggraver la maladie plutôt que de la prévenir.

En l’état actuel des recherches, ces molécules sont très en amont en termes d'évaluation de leurs rapports bénéfices/risques pour l’éradication du VIH, leur mode d'action est controversé, et il est impossible de dire à ce stade ce que les essais chez l’humain donneraient. Seule certitude : le chemin vers le "HIV-cure" (la guérison) sera long. Aujourd’hui, sur la base des études qui montrent la diversité des modes de persistance du VIH dans l’organisme, les chercheurs pensent que plusieurs molécules devront être conjointement utilisées pour espérer trouver un moyen de guérir l’infection, voire qu’il faudra y ajouter des vaccinations thérapeutiques et/ou de stimulations du système immunitaire.

A lire aussi un article sur la stratégie scientifique mondiale vers une éradication du VIH.

Commentaires

Portrait de Muffin64

Tu veux nous démoraliser Sophie? merde je manque de mycoses lol