"(...) Qu'elle n'aille pas s'imaginer que c'était parce que des sentiments le submergeaient. Les sentiments étaient un phénomène étranger, antinaturel et relevant d'une mode récente. Les sentiments étaient une invention que les hommes se fabriquaient quand ils en avaient besoin, les sentiments étaient des objets ou des obligations éventuelles que les gens fabriquaient ou sortaient quand la nécessité s'en faisait sentir, c'était surtout dans les bousculades ou les grands rassemblements que les sentiments pouvaient servir, mais bien sûr aussi d'homme à homme, en particulier dans le sud de la Suède. Les sentiments étaient des instruments qu'on utilisait pour se dominer soi-même et les autres.
Ici, dans le Nord, les sentiments ne servaient à rien, il n'en avait jamais eu besoin, il n'avait même pas eu à s'en préoccuper."
Torgny Lindgren - Miel de bourdon (Actes Sud, 1995, p.76)
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Commentaires
L'amour, victime du matérialisme ?
L'amour, victime du matérialisme dans une Suède protestante ? Peut-être est-ce pour cette raison que Torgny Lindgren s'est converti au catholicisme ?
Bises
microfiction
Je n'éprouve pas de sentiment particulier à l'égard de T.L. (...), la haine qui agite son bocal de Miel est cependant captivante, chacun des deux frères n'attendant que la mort de l'autre pour en finir ; rarement lu une pareille violence contenue.
bises à toi, si prompt à une mise en perspective ad hoc.
Oui
Il y a du Bergman dans les relations sucrées-salées (lol) de ces deux vieillards frères ennemis à l'agonie.
A lire aussi La Bible de Gustave Doré du même auteur...
c'est tout à fait ça