"Tout le monde doit savoir que les séropos dépistés et traités ne transmettent pas le VIH !"
Des progrès immenses sur le plan médical mais si faibles sur celui de l’acceptation des personnes séropos. D’action en action, le constat est le même : depuis 25 ans, rejet et stigmatisation n’ont pas baissé. Bien au contraire, la solidarité allant plutôt en diminuant. Le traitement est-il un moyen de faire enfin bouger les lignes ? C’est ce que pense la soixantaine de personnes vivant avec le VIH réunie à Rouen, en mai 2012, à l’initiative du COREVIH !
Comment améliorer une vie amoureuse parfois aussi plate que la plaine de la Beauce et rendre possible une sexualité parfois en berne ? Evidemment, accompagner les séropositifs en matière de sexualité peut aider : rendre accessibles et gratuites les consultations de sexologue sur l’ensemble de la région couverte par le COREVIH (Coordination régionale de la lutte contre le VIH), plaider pour un remboursement systématique du Viagra, valoriser les pratiques de la sexualité hors pénétration (au-delà du "20 minutes douche comprise").
Changer la donne
Mais la recommandation générale, celle qui va changer la donne selon les participants, c’est la suivante : faire que tout le monde sache qu’une personne traitée efficacement n’est pas contaminante. Car c’est bien ce risque de la transmission qui pèse le plus sur la vie sexuelle et affective des séropos. Ce problème évacué, espèrent les participants, il sera plus facile de résoudre les autres, ceux qu’on peut rencontrer chez l’ensemble des gens. Une vision que partage Manon Bestaux, sexologue, qui fait des vacations au CHU de Rouen.
Anne-Lyse*, la soixantaine, explique : "Les hommes de mon âge ne veulent pas la capote, ce n’est pas de leur génération. Mais moi je ne veux pas les contaminer. Alors, c’est simple, j’ai choisi de ne plus avoir de sexualité". Ce qui fait bondir Alex : "C’est injuste ! C’est toi qui est punie alors que tu n’as rien à te reprocher et que tu veux les protéger". Anne-Lyse a une charge virale indétectable depuis plus de 6 ans, et elle est super observante. Savoir qu’elle n’est plus contaminante ? Elle admet que ça ouvre des perspectives. "Peut-être" qu’elle va "s’autoriser à nouveau à avoir une sexualité". Mais elle "hésite encore". Trop dur encore de se fier à autre chose qu’au "tout capote".
Dire ou ne pas dire, telle est la question
Sa séropositivité, faut-il la dire ou pas, aux partenaires occasionnels ? Emma, contaminée fin décembre, se sent suffisamment forte et séduisante pour le dire systématiquement. Elle ne souffre pas de trop de rejets. Et "de toute façon", a-t-elle décrété, "si le mec ne veut pas, c’est qu’il ne me mérite pas !" Pour Sonia, en revanche, ce n’est pas aussi facile : "Pouvoir dire aux amants occasionnels, évidemment que ce serait bien, mais c’est trop risqué. J’ai peur que les gens répètent et que tout le monde finisse par connaître mon statut". Même expérience chez Jean-Michel : " Sur les sites de rencontres gays, si tu dis que tu es séropo… bizarrement, tu n’as plus jamais de nouvelles du type. Alors dire OK, mais les gens ne sont juste pas prêts à entendre. C’est sur le contexte qu’il faut jouer, pour qu’on ait un peu moins de pression en tant que séropo". Si choisir de dire ou de ne pas dire est "personnel", "dépend du feeling" et "s’inscrit dans le temps", et même si chacun doit élaborer ses réponses, entendre les diverses expériences aide. Car chacun a ses trucs et stratégies : se servir d’indices, journaux, médicaments, ruban rouge. Mais "dire son statut, c'est un acte qui a une dimension individuelle (on le fait pour nous-mêmes) mais aussi une dimension collectivement (on le fait parce qu'on pense qu'il faut que les séropos soient visibles", pense Catherine. Et dans la transmission des bonnes nouvelles, "associer chercheurs et soignants est indispensable. Car c’est eux qui ont avant tout accès aux médias", souligne Khalil. Bref, il faut "DE-DIA-BO-LI-SER" le VIH. Et les séropos.
Changer le regard de la société
Mais comment faire évoluer ce regard négatif sur les séropos qui perdure depuis des années ? Toutes les occasions sont bonnes, et elles ne manquent pas ! Invitations médias lors de la Journée mondiale de lutte contre le sida, du Sidaction, des Solidays, des Journées portes ouvertes des services VIH et des centres de dépistage". "Le Tasp, j’en ai parlé sur un plateau de France 3, souligne le docteur Françoise Borsa-Lebas, infectiologue au CHU de Rouen et présidente du COREVIH Haute Normandie. Mais il faudra des années pour gommer le discours de peur qui s’est fait pendant 30 ans. Des anées pour faire comprendre qu'à côté de la capote, il y a aussi d’autres moyens de prévention. Et qu'il n'est plus possible de dire que c’est le seul moyen de se protéger du sida, même au grand public. Tout simplement parce que ce n'est plus vrai !"
Faire un enfant ? "Facile si j’ai un médecin attentionné qui croit dans mon avenir !"
"La plénière du matin a libéré le désir d’enfant l’après midi", s’enthousiasme Graciela Cattaneo, de AIDES Haute Normandie et membre du COREVIH. Le groupe était euphorique". Faire un enfant ? "Facile si j’ai un médecin attentionné qui croit dans mon avenir !". Et deux recommandations. La première n’est pas évidente à satisfaire : faciliter l’accès à la PMA aux femmes seules (en France, il faut être en couple, pourtant certaines femmes seules ont des problèmes de fertilité, mais il faudra changer la loi).
L’autre est applicable tout de suite : suivre les recommandations du Rapport d’experts (Yeni 2010) : le médecin doit informer ses patients que faire un enfant, c’est possible, par PMA et par la couette, grâce aux antirétroviraux et au TasP. Il faut travailler les soignants au corps, les aider pour qu’ils osent parler de sexualité.
Les demandes des participants ? "Changer l’image des séropos, préparer la société à l’annonce du statut en présentant les avancées, les bonnes nouvelles". A la télévision, "passer du message qui fait peur au message qui renvoie une image positive (on n’est pas nécessairement malades quand on est séropos)".
"Nous ne sommes pas des bombes virales"
Les politiques ? Eux aussi "doivent porter une parole positive et réaliste". L’imagination des acteurs de prévention est bloquée par l’idée que "faire de la prévention, ça se résume à distribuer des capote". Face à cette pression préventive, le TasP est vu comme un espoir de choix. Applaudissements nourris des soixante personnes lorsqu’un sous groupe propose ce mot d’ordre : il faut "sortir de l’injustice : ce ne sont pas nous, séropositifs dépistés et traités, qui transmettons le VIH" suivis de ces mots : "Nous ne sommes pas des bombes virales". "Ce mot d’ordre, cette demande très forte, je les retiens", s’engage Françoise Borsa-Lebas. "Tous, médecins et associations, nous devons relayer cette revendication de parler plus largement du TasP, auprès des séropos, mais aussi du grand public. Et il faut commencer maintenant !"
(*Tous les prénoms ont été modifiés.)
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Commentaires
Tout le monde ne sait pas!
Qui en est convaincu ?
Peut-on ?
Enorme soulagement
perte d'espoir
lucide
Réduire le risque
pour ma part
c bien beau tout ça
Ok avec Lericou06
je ne prends pas de risque non plus
Doc.....umentaliste
C'est malheureux, que dis-je, c'est affligeant qu'en 2012 ton doc ne soit pas convaincu par les études et rapports à ce sujet.
Est-il au moins convaincu que les antirétroviraux ont sauvés et sauvent encore des vies, ou va-t-il te conseiller une quelconque potion magique ?
contamination?
@DURANDAL34
si j'ai bien compris, le sujet de l'article
euh..
c'est pas gagné...
alors
TIMING...
Tu lui as dit au début de la relation ou quand c'était déjà commencé,,car moi ,par principe je balance le truc dés les premiers émois ,avant qu'il ne se concrétise quoique ce soit ,comme ça si je me fait jeter,cela ne m'atteint pas trop (enfin c'est arrivé deux fois en 25 ans ,j'ai réussi à m'en remettre!)
euh
le dire de suite ou pas
serosud
Mêh...
...oui, tu ferais partie des des progresseuses lentes, je pense que c'est une chance pour toi.
Et ça explique peut-être aussi, pourquoi ton doc te conseille le latex.
Bises..
Oui tout le monde doit savoir...!!!
sandrine
lilit et serosud
Naïveté ou auto-mensonge ?
exigeons des poupées gonflables
Karma aucune de ces nouvelles contaminations n'a été le fait de séropositif répondant aux critères de non-contamination. Le problème est que beaucoup en restent à la propagande des associations qui vivent du VIH et pour cela en perpétuent la phobie pour continuer à récolter de l'argent.
Les 6000 contaminations par an ne concernent pas le présent débat mais malheureusement ce sont elles qui seront jusqu'à la nuit des temps mises en avant pour faire peur dans les chaumières et remplir la sébile.-------------------------------------------------------
Depuis le temps que l'on en parle je note que les positions semblent fortement influencées par les situations de chacun.
Généralement les personnes sans traitement ou que le port de la capote ne gène pas trop semblent être plus enclines à condamner la vulgarisation de ce rapport que celles qui remplissent les critères (sous traitement, CV indétectable...) et/ou ne supportent pas la capote.
J'ai encore lu ici qu'il n'y avait pas concensus sur la question, mais en ce qui me concerne c'est la lecture d'opposants à ce rapport et la vacuité des arguments qui lui étaient opposés qui m'a convaincue de sa validité.
Cessez de lire les conclusions et prenez le temps de lire et relire autant de fois qu'il le faudra les propos de ceux qui voudraient qu'on n'en parle pas, vous finirez par réaliser que leurs propos sont spécieux et dictés par des considérations qui n'ont rien de scientifiques.
Le grand argument est "il n'y a pas de risque zéro", cependant ceux qui l'avancent font souvent partie de ceux qui évoquent la capote comme d'un moyen de protection sur, ce qui est loin d'être le cas. Il apparait même probable que le risque de contamination soit plus important lors d'un rapport avec préservatif avec un séropositif sans traitement que lors d'un rapport sans préservatif avec un séropositif répondant aux critères suisses.
Avant 1996 nous mettait-on en garde contre les rapports "protégés" avec une personne séropositive? Non, au contraire le discours officiel ressassé à l'envie était que c'était sur.
Aujourd'hui que faire l'amour sans capote avec un séropositif répond aux critères suisses est certainement moins risqué que le faire hier avec capote on commence tout d'un coup à exiger un risque zéro!
Pour celles et ceux dont la conscience interdit de faire prendre le moindre risque je ne vois que l'abstinence. C'est d'ailleurs ce que je vis, et si je peux le faire d'autres le peuvent non?
Si les associations voulaient vraiment du risque zéro ce ne sont pas des capotes qu'elles distribueraient mais des poupées gonflables.
Superpoussin
complot !!!
tu penses que toutes les autorites de vih/aids du monde entier se sont mis d'accord pour un complot ! ils lancent une mensonge ensemble pour qu'il y a d'avantages de contaminations ???
LA, TU ME FAiS VRAiEMENT RiRE !!!