Co-infection VHB/VHD et VHB/VIH : ça change quoi ?

Quand on vit avec l’hépatite B, être co-infecté-e par le VIH ou par le VHD, ou par les deux, peut changer singulièrement la donne.

La co-infection VIH-VHB. En France, 7 % des personnes vivant avec le VIH sont co-infectées par le VHB. Quand on est déjà infecté-e par le VIH et qu’on acquiert le VHB, on évolue vers l’hépatite chronique dans 25 % des cas (contre 10 % en l’absence de VIH). La co-infection modifie beaucoup l’évolution de la maladie et la prise en charge. Il faut être encore plus vigilant-e : l’infection par le VIH accélère l’évolution de l’hépatite B vers la fibrose, la cirrhose puis le cancer du foie.

En cas de cirrhose, à partir d’une charge virale B supérieure à 2 000 UI/ ml, ou quand on a des transaminases élevées malgré une charge virale basse, il faut être traité-e. Les médicaments anti-VHB ont une action contre le VIH, c’est pourquoi si on traite le VHB, on traite le VIH aussi (sinon, risque de résistances du VIH).

Si on doit traiter le VIH,
 on utilise des médicaments marchant en même temps 
sur le VIH et le VHB : 
souvent ténofovir, emtricitabine ou lamivudine, en combinaison avec d’autres ARV. Attention, Baraclude (entécavir) est partiellement actif contre le VIH et cela peut entraîner la sélection de virus résistants si on ne traite pas le VIH avec une multithérapie adaptée. Dans le cadre d’une co-infection, l’interféron alpha n’est en général pas utilisé.


Comme avec toutes les hépatites chroniques, il ne faut pas utiliser de médicaments toxiques pour le foie. La très grosse majorité des nouveaux antirétroviraux anti-VIH sont très bien tolérés, même en cas de cirrhose.

Enfin, il est absolument contre-indiqué d’arrêter le traitement quand on a une hépatite B chronique, car il y a un gros risque de rebond de l’hépatite, avec une progression vers l’hépatite fulminante et le décès.

L’hépatite D ou delta. Elle ne concerne que les personnes vivant également avec l’hépatite B. En effet, le VHD est défectif : il a besoin du virus B pour se répliquer (il a le plus petit génome de virus connu). Le virus D est « tout nu » et il se sert de l’enveloppe du VHB pour devenir un virus à part entière. En France, on estime que 1 à 2 % des porteurs-ses du VHB sont infectés-es par le VHD alors que 12 % des co-infectés-es VIH-VHB le sont. Le VHD peut se transmettre lors du partage d’objets en contact avec le sang (matériel d’injection de drogues, etc.) ou de relations sexuelles sans préservatif. Il est utile de dépister régulièrement l’hépatite D chez les personnes ayant une hépatite B. L’hépatite aiguë D est parfois grave, mais le plus souvent on ne la remarque pas. L’hépatite B + D devient souvent chronique, mais évolue ensuite fréquemment comme une hépatite B incontrôlée et très méchante. Seul l’interféron a une activité anti-VHD mais son efficacité est très modérée. Traiter le VHB par nucléoside est indispensable car en contrôlant au moins un virus, on diminue le risque d’évolution grave de l’hépatite. On peut espérer que l’hépatite D soit un jour reconnue comme une maladie orpheline.