La révolution Tasp

On sait désormais que le traitement anti-VIH peut être un outil préventif aussi efficace que le préservatif : le traitement comme prévention (Tasp). Quelles sont les conditions permettant une sécurité maximale ?

Certes, le préservatif reste le moyen de prévention de base, en particulier quand on ne connaît pas son statut sérologique ni celui de son-sa partenaire. Mais aujourd’hui, quand on est séropositif-ve, il existe un autre moyen d’éviter la transmission du VIH à un-e partenaire : le traitement antirétroviral. Cela a été popularisé en 2008 par le Pr Bernard Hirschel et la Commission fédérale suisse sur le sida (on parle souvent de l’avis suisse). Puis confirmé par un important essai clinique (HPTN 052), qui a été considéré comme la nouvelle scientifique de l’année 2011.

Le Tasp fonctionne de la façon suivante

On est séropositif-ve, on prend un traitement contre le VIH et :
1 > on oublie très peu de prises d’ARV ce qui permet un contrôle optimal et dans la durée du VIH ;
2 > la charge virale (CV) du sang est indétectable depuis au moins six mois.
Si ces conditions sont réunies, les risques de contamination sont nuls.

Validé chez les hétéros, le traitement comme prévention l’est également chez les gays à travers les résultats de l’étude Partner, révélés en 2013, où un tiers de couples gays a participé à l’étude. Aucune contamination n’a été constatée au sein des couples gays sérodifférents quand le partenaire séropositif répondait aux critères du Tasp. Si on choisit le Tasp et qu’on a des relations sexuelles en dehors du couple, il est utile de dépister les IST plus fréquemment (et en profiter pour les soigner). Cette stratégie de prévention (comme toutes les autres) doit se discuter avec son-sa partenaire, avec ou sans préservatif.

Le traitement comme prévention est une motivation supplémentaire

• pour commencer le traitement : un élément en plus dans le choix ;
• pour l’adhésion au traitement : je veux écraser ma charge virale pour protéger mon-ma partenaire ;
• c’est aussi un moyen d’améliorer ma santé sexuelle en réduisant ma peur de transmettre, un stress qui a des effets négatifs sur le corps, le cerveau, le psychisme...
• un moyen de changer l’image des personnes vivant avec le VIH et de réduire la peur trop fréquente de faire l’amour avec une personne d’un statut sérologique différent.« La plupart des gens ne connaisse pas ces histoires d'indétectabilité et il faut leur expliquer. »

« Séropositif sous traitement quotidien, je suis en couple depuis plus d’un an avec quelqu'un qui est séronégatif et tous ses tests VIH sont négatifs. Au début, ce n’était pas simple d’en parler mais je l’ai fait pour que la personne ne se sente pas trahie. On est allés voir mon infectiologue ensemble et depuis c’est le bonheur à tous les niveaux ! »

« Au bout de deux mois, voyant que notre amour s’intensifiait, je lui ai parlé de ma séropositivité et du Tasp. Elle m’a demandé un peu de temps pour se renseigner. Convaincue que je n’étais pas contaminant, notre relation a repris sans capote entre nous. »

« Les hommes de mon âgene veulent pas la capote : pas leur génération ! Savoir que je ne suis pas contaminante grâce à ma CV indétectable et ma bonne observance est très libérateur pour ma vie sexuelle. »

« Dans mon couple, le Tasp !En dehors, la capote pour réduire le risque d’IST. »

« Je suis séropositif, sous traitement avec une CV indétectable.Ma femme est enceinte de huit mois et elle est toujours séronégative. Je suis fidèle et on ne s’est jamais protégés ensemble. »

« Le Tasp a changé l’image que j’avais de moi : j’ai repris confiance en moi et j’ai à nouveau une vie sexuelle épanouie. »

« Le Tasp a été mis en lumière depuis 2008 par Hirschel et dix ans après, on doit encore le justifier, c’est parfois lassant... »